Les photographes lauréats de l’appel à candidatures 2015 dans la 11ème édition des rencontres cinématographiques de Cerbère/Portbou
du jeudi 1er au 4 octobre 2015
Très prochainement vous trouverez le programme complet à télécharger sur le site des Rencontres Cinématographiques de Cerbère.
Le gagnant est GILDAS PARÉ, photographe de nationalité Française, qui remporte le séjour dans la 11ème édition des rencontres cinématographiques de Cerbère/Portbou avec la série “ Plastic dream ”, “ Plastique de rêve ” réalisée en collaboration avec le journaliste Kirk BAYAMA et l’auteur Julie BAUDOIN.
“ Plastic dream ” interroge notre propre vision de la féminité face aux diverses tentatives de contrôles corporels, choisis ou subis par certaines jeunes femmes. Selon les cultures, les codes de la féminité diffèrent ! Si certaines pratiques tendent à rendre la femme aussi féminine que les codes culturels le prévoient, d’autres visent au contraire à retarder le passage de certaines jeunes flles au stade de jeunes femmes. Ce premier volet, » C’est pour ton bien… « , explore une pratique culturelle camerounaise : le » repassage des seins « . Ce repassage consiste à écraser la glande mammaire de jeunes flles ayant un développement pubère jugé trop précoce. Ce contrôle corporel est effectué par leur mère, grand-mère, tante ou encore guérisseuse, à l’aide d’objets détournés. Cet acte entraine de véritables blessures physiques, psychologiques et même identitaires. Pourtant, paradoxalement, cet acte est avant tout un acte bienveillant, visant à protéger ces jeunes flles du regard des hommes, du viol, du mariage ou d’une grossesse précoce, et ainsi leur permettre de poursuivre leurs études. Au fil des portraits, images et textes, et des objets, cette série entre alors intimement dans la dichotomie de ces femmes, dans leur rapport entre nature et culture, protection et conformisme, existence et oubli de soi. Et c’est ainsi que ces seins, tant contrôlés que sacralisés, deviennent à la fois éternelle blessure et rêve de leur vie.
Cette série de portraits révèle une forme de liberté enfouie de l’Être, l’homme s’est laissé traverser, dévoiler, pour devenir porteur de mémoires oubliées, d’histoires échappées.
Le dictionnaire des symboles place le mot VISAGE entre ceux de Virginité et de Vitriol, le visage comme un dévoilement incomplet et passager de la personne, comme … une porte de l’invisible.
Transpyrénéen
Les images présentées pour ce concours ne constituent pas une série à proprement parler, même si un temps (en 2004 / 2005) j’avais réunis les premières images relatives à ce sujet sous le titre Passage… Elles présentent une sélection d’aperçus subjectifs, constitués d’images réalisées épisodiquement entre 2004 et 2012 à la faveur de passages programmés ou hasardeux à Canfranc Estacion, gigantesque gare quasi-abandonnée, construite au chausse-pied dans une petite vallée qu’elle monopolise au pied du Somport, côté espagnol.
VÉRONIQUE L’HOSTE
Série Cycle
Par ces réalisations sobres, épurées, Véronique L’Hoste nous interroge sur la naissance, la vie, la mort, l’au-delà. Inspirée par les grands espaces, elle met en scène des silhouettes drapées qui s’ancrent au sol pour s’y ressourcer, avant de regagner leur demeure. Ces formes sans identité disent le besoin vital de l’homme de reprendre contact avec la terre nourricière, de la retrouver chez lui, dans son quotidien, de la magnifier jusqu’à la placer au centre de son monde.
Mais cette terre, ironie du sort, finira par le rappeler à elle.
TERENCE PIQUE
Série ASPECTUS IN EXTREMIS
Cette série a été réalisée dans le sud de l’Espagne, sur l’extrême bord de l’Europe, de Gibraltar a Tarifa. Dans cette zone, outre la spécifcité géographique qui nous permet de voir la rive africaine, ce qui attire l’attention, c’est la multitude d’infrastructures de surveillance, passées et présentes, qui ponctuent le paysage. Il y a dans cette présence récurrente une tension qui semble faire écho aux inquiétudes persistantes de l’Europe actuelle face à l’immigration. Aussi j’ai voulu interroger cette situation avec la distance de la photographie grand format, en réalisant une série de paysages tronqués, d’ou la veduta (la vue) serait évacuée pour ne pointer que ces dites infrastructures. Regarder en contre-champ en faisant, d’une certaine manière, dos à la mer et à la vue. De cette façon, inverser les rôles et faire de tous ces bunkers, tours de contrôle et autres constructions, le sujet central de l’image afin d’en poser la question. Car, avec le calme apparent et la lenteur de la chambre, toutes ces installations sont autant de socles pour le regard, d’observatoires rappelant jusqu’à l’absurde leur fonction : scruter cet ailleurs qui inquiète autant qu’il fascine. Ainsi, avec ces relevés topographiques réalisés depuis ce bord d’ou l’oeil peut toucher l’autre rive, c’est d’abord cette question de la scrutation qui est posée. Mais en choisissant de pointer les infrastructures plus que la vue, c’est aussi l’acte photographique qui est mise en abime. Car dans le jeu en aller-retour entre l’image, son sujet et son observateur, la photographie devient une pratique de surveillance également.
BERTRAND TAOUSSI
À l’origine de ce projet je me suis fixé l’objectif de réaliser une image en extérieur chaque jour de l’année. Rapidement c’est imposé le besoin de passer de l’autre coté du viseur et de venir habiter physiquement le paysage, comme un appel silencieux à partager un espace en attente d’un fait…
Il s’agit de rencontres et d’offrandes, de petites choses ordinaires percutant l’ordre naturel de mon environnement immédiat, le pays Carcassonnais et la Montagne Noire.
Une manière d’interroger la proximité entretenue avec ce qui est extérieur mais dont la frontière avec le moi reste fluctuante. Cet ailleurs devient nouvelle zone d’intimité d’où je tente de m’affranchir de la gravité, léviter pour suspendre le temps au fil du rire et du mystère.